La chapelle romane Sainte-Matrone : un monument commingeois à découvrir

        Encadrée au nord-ouest par le château fort de Montpezat de Saint-Martory, par celui de Roquefort-sur Garonne au nord et par la tour et la chapelle du château comtal de Salies-du-Salat au sud, l'église se desse en bordure de la haute terrasse de la rive gauche du Salat, un peu en amont de son confluent avec la Garonne. Elle fait face à la chaîne des Pyrénées et aux coteaux du Plantaurel, et veille sur les cendres du village primitif de Mazères qui jadis s'étalait à ses pieds.

        L'église se présente sous la forme d'une nef unique de plan rectangulaire terminé par une abside plus étroite au chevet semi-circulaire précédé par une travée carrée. Les parements intérieurs et extérieurs sont entièrement construits en beaux moellons calcaires bien appareillés. D'une grande unité, l'abside est la partie la plus intéressante du monument. C'est aussi la seule ayant été voûtée.
        Nous sommes dans un très beau style roman de la seconde moitié du XII^e siècle. Jamais voûtée, la nef était couverte d'une charpente apparente. La surface de l'église avoisine les cent mètres carrés. Les voûtes du chœur et du cul de four sont soutenues par quatre colonnes surmontées de chapiteaux tous différemment embellis : animaux, feuillages, rinceaux. Ils sont couronnés de très beaux tailloirs tandis qu'un bandeau frise de billettes en damier fait le tour du chœur. Distribué avec parcimonie, l'éclairage est assuré par cinq baies meurtrières en plein cintre.

        Sur l'extérieur, la couverture du cul de four fait saillie sur une corniche supportée par une série de modillons très abîmés. À l'intérieur de l'édifice, sous la baie méridionale, on remarque un panneau gravé et peint de motifs géométriques, tandis qu'une série énigmatique d'arbalétiformes gravés figure sur certains moellons sur l'extérieur de l'abside.

        L'église appartenait aux Templiers de Montsaunès, qui demeuraient à trois kilomètres d'ici, et qui l'avaient acquise à l'Abbaye d'Alet (Aude). Ils étaient seigneurs spirituels et temporels de Mazères qui possédait au XII^e une charte de coutumes. Dévastée à la Révolution, restaurée, à nouveau démantelée après 1905, elle est abandonnée jusqu'en 1953 où elle fut l'objet de travaux et reçut en particulier une couverture pour ses voûtes. Malgré cette manifestation d'intérêt, elle retombe dans l'oubli et subit de nouvelles dégradations et des vols.
        En 1975, l'association de sauvegarde obtient le classement de l'édifice parmi les monuments historiques. Sous l'action commune de la municipalité, de l'A.R.C.S.M. et des Affaires Culturelles, un important chantier s'est tenu en 1993 sous la conduite de l'architecte des monuments historiques. Ces travaux ont permis la restauration des maçonneries dégradées, la réfection des toitures du chœur, le rétablissement pour la nef d'une toiture largement débordante, la réouverture de la porte sud, la reconstitution de la baie nord de la nef. Cette restauration a rendu en particulier ses qualités premières d'obscurité et de recueillement à l'intérieur de la nef.

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